armé, qu’on s’envisage des deux côtés avec arrogance, et bien qu’on ne se porte pas des coups, qu’on se regarde toutefois comme ennemis. Enfin, quelle injustice y a-t-il de demander ce que vous avouez appartenir à autrui par la propre raison de votre demande ? je vous dois servir d’interprète de la sainte Écriture, à vous, dis-je, qui êtes citoyen d’une autre république que moi. Quelle raison avez-vous de l’entreprendre ? Quelle convention y a-t-il entre vous et moi qui vous donne ce titre ? C’est, me répliquerez-vous, par l’autorité divine. Mais, d’où est-ce que je l’apprendrai ? De l’Écriture sainte. En voici le livre, lisez. C’est en vain que vous me donnez cette permission, si vous ne m’accordez aussi celle d’expliquer ce que je lirai : de sorte qu’il m’appartient, par votre propre confession, et à tous mes autres concitoyens aussi, de me servir à moi-même d’interprète ; ce qui pourtant est une chose que ni vous ni moi ne voulons pas admettre. Que reste-t-il donc, si ce n’est de conclure qu’en chaque église, c’est-à-dire en chaque république chrétienne, l’interprétation des saintes Écritures, c’est-à-dire le droit de décider toutes les controverses, dépend et dérive de l’autorité du souverain, ou de la cour par devers laquelle est la souveraine puissance de l’État ?
XXVIII. Mais, parce qu’il y a deux sortes de controverses, les unes touchant les choses spirituelles, c’està-dire touchant les questions de