Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/90

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que pour être obligé par la force du vœu, il faut que la volonté de celui qui le doit recevoir soit connue, ce que nous supposons n’être pas. Ainsi il n’y a point d’obligé, là où il n’y a point d’obligeant, qui nous témoigne sa pensée.


XIV. Les pactes ne se forment que des actions dont on peut entrer en délibération ; car une paction ne se fait pas sans la volonté de celui qui contracte. La volonté est le dernier acte de celui qui délibère. Les pactes donc ne se forment que des choses possibles et futures. On ne s’oblige jamais à l’impossible. Mais d’autant qu’il arrive quelquefois, que nous promettons des choses, qui nous semblent possibles à l’heure que nous les promettons, et dont l’impossibilité ne nous paraît qu’après qu’elles sont promises, nous ne sommes pourtant pas quittes de toute sorte d’obligation. La raison de cela est que celui qui fait une promesse incertaine, n’a reçu le bienfait qu’à con­dition d’en rendre la revanche. Et celui qui l’a conféré a eu égard en général à son bien propre, ne faisant état de la promesse qu’en cas que l’accomplissement en fût possible. De sorte qu’encore qu’elle rencontre des obstacles insurmontables, on ne laisse pas d’être engagé à faire tous les efforts qu’on peut afin de s’acquitter. Les pactes donc n’obligent pas à donner absolument la chose promise, mais à faire tout notre possible ; car nous ne sommes pas maîtres des choses, et