Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/96

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ce que ces rois-là affectaient de se faire rendre des honneurs divins. Le serment a été introduit, afin que l’on craignit davantage de violer sa foi ; car on peut bien tromper les hommes, et échapper à leur punition : mais non pas se cacher à cet œil clairvoyant de la Providence, ni se soustraire à la toute-puissance de Dieu.


XXI. D’où je tire cette conséquence, que le serment doit être conçu en la forme de laquelle se sert celui qui le prête. Car ce serait en vain que l’on ferait jurer quelqu’un par un Dieu auquel il ne croit point, et lequel il ne craint point. Mais encore qu’il n’y ait personne qui ne puisse savoir par la lumière naturelle qu’il y a une divinité ; si est-ce pourtant qu’on ne pense pas que ce soit jurer, si le serment est en autre forme, ou sous un autre nom que celui qu’on enseigne en la vraie religion, c’est-à-dire en celle que celui qui jure reçoit pour véritable.


XXII. De cette définition du serment il est aisé de remarquer qu’un pacte nu et simple n’oblige pas moins que celui auquel on ajoute le serment en confirmation. Car le pacte est ce qui nous lie : et le serment regarde la punition divine, laquelle nous aurions beau appeler à notre secours, si l’infidélité n’était de soi-même illicite ; ce qu’elle ne serait pas en effet, si le pacte n’était obligatoire. D’ailleurs celui qui renonce à la miséricorde divine, ne s’oblige par là à aucune peine ; car