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l'intellect humain ne peut être définie en faisant abstraction dès l'abord d'une des propriétés les plus essentielles de l'intellect humain, c'est-à-dire de notre concept naturel de mécanisme.

Mais, il est posé d'autre part que la Science n'est pas la connaissance des effets réels et des causes réelles des phénomènes, qu'elle est celle de leurs causes et de leurs effets conçus possibles ; cette distinction est fondamentale. Soit par exemple une figure géométrique : il n'est pas du ressort de la science de rechercher la façon dont, dans le cas particulier, elle a été construite, mais celle dont certainement elle aurait pu l'être. De même, étant donnée une cause déterminée conçue par notre esprit, il n'est pas davantage du ressort de la science de travailler à découvrir l'effet que cette cause a produit en agissant à un certain moment, mais bien d'essayer de prévoir tous les effets qu'elle est susceptible de produire. Et, c'est en se fondant sur cette distinction que Hobbes rejette l'Histoire du corps de là Philosophie, comme il a été vu au paragraphe I. La connaissance de l'Histoire n'est qu'une connaissance de faits ; les documents de l'Histoire ne sont que des matériaux de Science. Un exemple emprunté au domaine de nos investigations modernes en Biologie contribuera à bien faire saisir cette différence que Hobbes veut si nettement marquer du point de vue historique et du point de vue scientifique intégral. Supposons qu'un investigateur se trouve par quelque moyen difficile à imaginer mis en mesure de suivre à partir des chevaux actuels toutes les générations antérieures de chevaux, et, cela, si loin dans le temps qu'il puisse voir se dérouler devant ses yeux, dans l'ordre inverse de celui