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mer en pur empiriste : « Il n'est, dit-il, aucune conception de l'esprit humain qui primitivement ne provienne totalement ou par parties des organes des sens ». Le mot conception désigne ici sans aucun doute un élément de connaissance.

La notion d’Évolution organique et celle d'Adaptation que Hobbes ne pouvait avoir, mais qui nous sont familières aujourd'hui, nous font maintenant comprendre l'association possible du sensualisme et de l'innéisme chez ce grand génie visionnaire des progrès futurs de la pensée humaine.

Les matériaux premiers de la connaissance sont les données des sens. Ils ne peuvent être qu'individuellement acquis, soit de façon directe, c'est-à-dire par l'observation personnelle, soit de façon indirecte, c'est-à-dire par la tradition au sens large du mot.

L'agent de construction de l'édifice de la connaissance que nous voyons s'accroître au cours des générations successives est le cerveau de chacun qui, puisqu'il construit, possède nécessairement certaines propriétés dynamiques qui l'en rendent capable, certains moyens de construire ; de la nature de ces moyens dépend le type de la connaissance élaborée. Les propriétés dynamiques du cerveau d'un homme pris en particulier constituent dans leur ensemble sa façon particulière de penser qui lui est naturelle, et, je veux dire par là qu'indépendamment de toute acquisition individuelle une certaine façon de penser arrive au cerveau d'un homme. Mais les différentes façons de penser particulières des divers hommes, leurs formes différentes et particulières de raison ont en commun quelque chose que l'on peut appeler la façon humaine de penser qui est un