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auquel il se borne à donner une désinence anglaise ; parfois, il emploie tout simplement le mot latin lui-même, voire le mot grec qu’il incorpore à son texte.

Je me suis attaché à reproduire aussi fidèlement que je l’ai pu le caractère spécial de cette forme littéraire qui donne à penser que le Léviathan fut d’abord rédigé en latin. A ceux qui me reprocheront d’avoir trop négligé l’élégance et jusqu’à, certaines fois, la correction du style, d’avoir même à l’occasion quelque peu malmené la syntaxe, je répondrai que parler correctement n’est pas, à mon avis, se lier à d’étroites conventions, mais exprimer clairement et précisément ce que l’on veut dire. J’estime que celui qui y parvient parle comme on doit parler, puisqu’il atteint le but auquel vise le langage, et, je suis sûr d’être en cela d’accord avec l’auteur du Léviathan.

J’ai essayé de faire pour lui ce que Chateaubriand a voulu faire pour Milton (tâche il est vrai beaucoup plus difficultueuse et à laquelle je ne saurais comparer la mienne) c’est-à-dire « une traduction littérale dans toute la force du terme » que l’on puisse suivre le texte en mains « ligne à ligne, mot à mot, comme un dictionnaire ».


Qu’on n’oublie pas que dans le Léviathan on trouve rassemblés les plus importants des sujets que Hobbes a traités dans les principaux de ses ouvrages : De CorporeDe HomineHuman NatureDe Corpore politicoDe Cive. C’est en d’autres termes l’exposé le plus complet qu’il ait donné de l’ensemble de sa philosophie ; et c’est là ce qui en fait le très grand intérêt.