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même devant le blâme de son évêque, et dans la troisième édition de ce savant ouvrage, il persista de plus belle dans ses opinions sur ce sujet. Ses autres ouvrages sont tous empreints également de la doctrine janséniste : tels sont l'Histoire de Pierre de Bérulle (1817) ; De l'appel comme d'abus, suivi d'une dissertation sur les interdits arbitraires (1820) ; De l'inamovibilité des pasteurs de second ordre (1821), et Des Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie (1823). Cette dernière brochure avait pour but de critiquer la dévotion mystique introduite par Marie Alacoque. Ceux des ouvrages de Tabaraud qui méritent encore d'être signalés sont l'Histoire critique de l'assemblée du clergé de France en 1682 (1826), et l'Essai sur l'état des jésuites en France (1828). Le premier est une savante apologie de l'Église gallicane et des quatre articles qui résument sa doctrine et qui ont été rédigés par Bossuet ; le second est un aperçu fait trop rapidement de l'histoire de la société célèbre dont Tabaraud combattit toute sa vie les principes. Enfin, nous mentionnerons encore de cet auteur un opuscule intitulé : De la philosophie de la Henriade (1805), et dans lequel il critique la partie morale de ce poëme. Il raconte dans la préface que pendant son cours d'humanités chez les jésuites, son régent l'ayant surpris lisant la Henriade, la lui arracha des mains avec indignation, en lui disant que c'était un ouvrage dangereux et impie ; « et afin que la leçon fît plus d'impression sur moi, ajoute-t-il, il m'appliqua un porrige manum qui ne s'est jamais effacé de mon souvenir ».

Celui qui trace ces lignes a beaucoup connu le P. Tabaraud, dans les dernières années de sa vie. Il venait passer les étés à Paris, et retournait l'hiver à Limoges. C'était un vieillard vif, d'une extrême énergie. Il avait l'humeur guerroyante, et apportait une excessive passion à la défense de ses opinions; ce qui était du reste le propre de l'école janséniste et notamment de ses derniers représentants : le président Agier, Grégoire, Lanjuinais, etc. Aujourd'hui cette école est entièrement éteinte ; mais on ne peut lui refuser ni science, ni bonne foi, ni patriotisme, qualités qui ne se rencontrent pas toujours chez ses adversaires. Depuis longtemps Tabaraud ne disait plus la messe et ne remplissait aucune fonction ecclésiastique, quoique resté ardent catholique. On a répandu le bruit qu'il s'était rétracté de ses doctrines jansénistes avant de mourir ; c'est une erreur, à moins qu'on ne qualifie ainsi quelques expressions assez vagues contenues dans son testament.

Dans le grand nombre des écrits de Tabaraud, nous signalerons les suivants : Lettres (deux) à M. de Crussol, évêque de La Rochelle ; La Rochelle, 1788, in-8o ; — Lettres (deux) à l'abbé Gay ([1]) évêque à (sic) Limoges ; s. l.,


1791, in-12; — Traité historique et critique de l'élection des évêques ; Paris, 1792, 2 vol. in-8o, et 1811, in-8 ; — De la Nécessité d'une religion d'État ; Paris, 1803, 1814, in-8o ; — Principes sur la distinction du contrat et du sacrement de mariage ; Limoges, 1803, 1816, in-8o ; — De la Philosophie de la Henriade ; Paris, 1805, 1824, in-8o ; — Histoire critique du philosophisme anglais ; Paris, 1806, 2 vol. in-8o ; — De la Réunion des communions chrétiennes ; Paris, 1808, in-8o ; réimpr. sous ce titre, mieux adapté au sujet : Histoire critique des projets formés depuis trois cents ans pour la réunion des communions chrétiennes ; Paris, 1824, in-8o ; — Questions sur l'habit clérical ; Limoges, 1809, brocb. in-8o ; — Lettre à M. de Bausset pour servir de supplément à son Histoire de Fénelon ; Paris, 1809, in-8o de 180 p. ; une Seconde Lettre adressée au même prélat parut en 1810, in-8o de 245 p. ; ces lettres ont été réimpr. avec additions sous le titre de Supplément aux histoires de Bossuet et de Fénelon ; ibid., 1822, in -8°; — Du Pape et des jésuites ; Paris, 1814, 1815, in-8o ; — Du Divorce de Napoléon avec Joséphine ; Paris, 1815, in-8o ; — Histoire de Pierre de Bérulle, fondateur de la congrégation de l'Oratoire ; Paris, 1817, 2 vol. in-8o ; — Du Droit de la puissance temporelle sur le mariage ; Paris, 1818, in-8o ; — Lettre à M. Dubourg, évêque de Limoges, sur son décret du 18 février 1818 ; Limoges, 1818, in- 8° ; — De l'Appel comme d'abus, suivi d'une dissertation sur les interdits arbitraires de célébrer la messe ; Paris, 1820, in-8o ; — De l'inamovibilité des pasteurs du second ordre ; Paris, 1821, in-8o ; avec un Supplément, 1822, in-8o ; — Des Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie ; Paris, 1823, in-8o ; — Histoire critique de l'assemblée de 1682 ; Paris, 1826, in-8o ; — Essai historique et critique sur l'état des Jésuites en France ; Paris, 1828, in-8o ; — Vie du P. Lejeune ; Limoges, 1830, in-8o. Tabaraud a aussi fourni beaucoup d'articles à la Biographie universelle et à la Chronique religieuse (1818-21). A. T.

Annuaire de la Haute-Vienne, 183S. — Biogr. univ. et portat. des contemp. — Roy-Pierrefitte, dans la Revue du Limousin.

tabari ou thaberi ( Abou-Djafar-Mohammed-Ben-Djerir-eth-), historien arabe, né en 839, à Amol (Tabaristan), mort en 922, à Bagdad. Il eut pour maîtres les plus grands cheiks de son temps, étudia le droit arabe et celui d'Irak en Égypte, à Bagdad et à Réi suivant les différents rites, et explora lui-même les sources les plus importantes des sciences arabes (esanid). Il avait une merveilleuse mémoire, et possédait à fond les sciences du Koran, l'histoire, la grammaire et le droit. Comme jurisconsulte, il ne suivit l'opinion d'aucun des légistes antérieurs, mais il fonda une école spéciale. C'est

  1. (1) Gay-Vernon, qui venait d'être élu évêque constitutionnel de la Haute-Vienne.