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757 TABARIN — TABOUET 758


plus ou moins fidèlement, par les amateurs. Le Recueil général des rencontres, questions, demandes et autres oeuvres tabariniques, parut à Paris, 1622-23, 2 vol. in-12, chez Ant. de Sommaville, qui en donna trois éditions, non sans y faire des suppressions et des additions. On compte jusqu’à seize réimpressions au moins de ce recueil, tant à Paris qu’à Rouen et à Lyon, de 1624 à 1640. Deux autres libraires de Paris, Rocollet et Estoc, donnèrent en 1622, un mois à peine après Sommaville, une concurrence à cette publication, l’Inventaire universel des œuvres de Tabarin, in-12, qui eut trois éditions successives. Outre ses soixante-quatre questions, il contient deux Farces tabariniques, qui ne sont pas les mêmes que celles qu’on trouve dans le Recueil de Sommaville. Quant aux pièces bouffonnes relatives à Tabarin, et qui ont été souvent réunies à ses œuvres, elles sont tellement innombrables, et leur bibliographie est si embrouillée que nous ne nous en occuperons pas ici. Le haut prix atteint dans les ventes par la plupart de ces opuscules a donné au libraire Techener l’idée d’en réimprimer plusieurs dans ses Joyeusetez. Enfin deux éditions des œuvres de Tabarin ont paru en 1858 à Paris, la première publiée par M. Veinant (2 vol. in-16, la seconde, par M. Paul Lacroix (in-12). V. F.

OEuvres de Tabarin. — Préfaces de ses OEuvres. — Leber, Plaisantes recherches d’un homme grave sur un farceur ; Paris, 1835, 1856, in-16. — V. Fournet, Tableau du vieux Paris. — Brunet, Manuel du libraire, t. V.

TABERNÆMONTANUS ([1]) (Jacques-Théodore), botaniste allemand, né à Berg-Zabern (duché de Deux-Ponts), mort à Heidelberg, en 1590. Après avoir étudié la botanique sous Jérôme Tragus, il fut pendant quelque temps employé dans une pharmacie à Wissembourg, fit plusieurs excursions scientifiques en France, et y prit le grade de docteur en médecine. De retour en Allemagne, il fut d’abord médecin de la ville de Worms ; l’électeur palatin l’attacha ensuite à sa personne. Il mourut dans l’exercice de ses fonctions, fort âgé, et laissant dix-huit enfants des trois femmes qu’il avait épousées. Il continua pendant toute sa vie l’étude de la botanique, convaincu que Dieu avait mis dans les plantes de chaque pays les vertus appropriées à la guérison des maladies locales ; en effet, il n’employait guère comme remèdes, outre les simples, que la thériaque et le mithridate ; et lorsqu’il fut, en 1552, appelé au siège de Metz, il traita toutes les plaies d’armes à feu avec de la poudre d’armoise. Il avait réuni pendant trent-six ans un herbier de plus de trois mille plantes, dont il publia la description sous le titre de Kreuterbuch (Francfort, 1588-90, 2 vol. in-fol., pl.) ; cet ouvrage, fait avec beaucoup de soin, fut réimpr. depuis avec diverses adjonctions (Francfort, 1613, 1625, et Bâle, 1664, 1687, 1734,


in-fol.). On a encore de Tabernæmontanus : Neuer Wasser-Schatz (Nouveau Trésor des eaux médicinales) ; Francfort, 1584, 1593, 1608, in-8o : curieux livre où sont décrites les vertus des différentes eaux de l’Allemagne, notamment celles de Langen-Schwalbach, qu’il avait découvertes ; — Consilium curandæ febris pestilentialis ; ibid., 1586, in-8o.

Adam, Vitæ medicorum. — Kestner, Medicinisches Gelehrten-Lexikon. — Stolle, Hist. der medicinischen Gelehrtheit. — Manget, Bibl. medica.

TABOUET (Julien), en latin Taboetïus, jurisconsulte et historien français, né vers 1500, à Chantenay, près Le Mans, mort vers 1562, à Toulouse. Il fit à Paris une partie de ses études et fut le disciple de Danes pour la langue grecque ; puis il s’appliqua au droit, et suivit vraisemblablement les cours de l'école,alors renommée, de Toulouse. On ne sait rien de sa carrière d’avocat ; il dut y prendre une place considérable, puisqu’on le désigna comme procureur général du sénat de Chambéry dans l’ordonnance de Moulins (févr. 1537), qui réglait dans la Savoie, récemment conquise, l’administration de la justice. Il s’était acquis de la réputation par de savants écrits, lorsqu’un grave dissentiment survint entre lui et ses collègues. Quelle en fut l’origine, on l’ignore, et le caractère tracassier de Tabouet ne suffit pas à l’expliquer. Quoi qu’il en soit, à la suite de mémoires adressés au roi par Tabouet et plusieurs conseillers, et dans lesquels ils s’accusaient réciproquement de prévarications judiciaires, ils furent tous mis en accusation (1545) ; l’enquête dura plusieurs années, et ils ne comparurent qu’en 1551 devant le parlement de Dijon. Tabouet fut renvoyé absous (26 janvier) ; mais le président Raimond Pellisson ([2]) fut condamné à l’amende honorable, à une peine pécuniaire, à la confiscation de ses biens et au bannissement (27 juillet). Quatre autres conseillers subirent de moindres peines. Sur l’appel de Pellisson, et grâce à l’influence toute-puissante du connétable de Montmorency, l’affaire est renvoyée devant le parlement de Paris : non-seulement cette compagnie annule la sentence de celle de Dijon, mais elle condamne Tabouet, comme calomniateur, en tous dépens, dommages et intérêts (16 mai 1555). Celui-ci réclame à son tour, prétendant qu’en démasquant les coupables, même se fût-il trompé, il n’a fait que remplir les devoirs de sa charge. Le parlement de Dijon et celui de Paris éclatent en récriminations l’un contre l’autre. Il faut un ordre exprès du roi pour apaiser une querelle qui s’aigrit chaque jour davantage. Tous les accusés sont enfin traduits devant une commission composée, à nombre égal, de magistrats des deux compagnies ; par jugement du 15 octobre 1556, Pellisson et ses collègues sont renvoyés de la plainte, mais Tabouet est condamné aux mêmes peines qu’on avait prononcées contre Pellisson ([3]).

  1. (1) Il n’avait point de nom de famille ; celui de sa ville natale, qu’il latinisa suivant l’usage, lui en tint lieu.
  2. (1) Bisaïeul de Paul Pellisson l’académicien.
  3. (2) On peut consulter sur cette curieuse affaire les