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759 TABOUET — TABOUROT 760


[1]« Tant de sentences contradictoires, dit M. Hauréau, laissèrent plus d’un doute dans les esprits, et les historiens eux-mêmes sont partagés entre l’une et l’autre cause. » Banni du royaume, Tabouet ne fut pas détenu à Chambéry ; mais il vécut quelque temps fort retiré en Savoie. Après la cession de cette province» (1559), il obtint des lettres de rappel, et alla s’établir à Toulouse, où il fit des cours particuliers sur la jurisprudence. La Croix du Maine, son compatriote, a exagéré son savoir et ses mérites, en lui décernant l’épithète de grand en théologie, en histoire et en philosophie. Les principaux ouvrages de Tabouet sont : Orationes forenses et responsa judicum illustrium ; Paris, 1551, in-4o ; — De quadruplicis monarchix primis auctoribus et magistratibus epkemerides historien ; Lyon, 1559, in-4" : « c’est, dit le P. Niceron, un vrai pot-pourri, où l’on voit quelque érudition, mais sans ordre et sans exactitude » ; il n’en fut pas moins mis à Yindex à Rome ; — De magistratibus post cataclismum instituas ; Lyon, 1559, in-4o ; réimpr. sous un nouveau titre : De primigenia magistratuum diathesi ; Paris, 1562, in-4o : nomenclature des diverses fonctions judiciaires, avec quelques hors-d’oeuvre théologiques ; — De republica et lingua francica ; Lyon, 1559, in-4o ; Paris, 1562, in-4o : rien n’est plus pauvre et moins instructif ; — Historica regum Francise genesis, dtiplici dialecto (prose et vers) ; Lyon, 1560, in-4o ; — Sabaudise principum genealogia ; Lyon, 1560, in-4o, en vers latins ; trad. en vers français ; — Epislolx christianas, familiares et miscellaneas ; ibid., 1561, in-4o ; — Fiduciaria christianse civilis et politicae jurisprudentix methodus ; Toulouse, 1561, in-4o. Il avait écrit en français une Histoire de France, dont le manuscrit parait être perdu. P. L.

De Thou, Hist. sui temp., ann. 1556. — La Croix du Maine, Biblioth. française. — Liron, Singularités hist., t. I er, p. 425. — Lelong, Bibl. hist. — Niceron, mémoires, t. XXXVIII.— Haureau, Hist. litlér. du Maine.

TABOUROT (Etienne), dit le seigneur des Accords, écrivain facétieux et poète français, né en 1549, à Dijon, où il est mort, en 1590. A douze ans il perdit son père, célèbre avocat au parlement et maître en la chambre des comptes de Bourgogne ; cette mort, en le laissant sous la direction de sa mère, lui donna une liberté dont il usa largement pour suivre la pente de son caractère, qu’il laissa s’égayer « en la source abondante de sa vivacité naturelle ». Placé au collège de Bourgogne à Paris, il s’y fit remarquer par la précocité de son esprit, et composa, à l’imitation des Grecs, la Coupe, la Marmitte et autres pièces de vers figurés. En 1566 ou 1567 il publia, sous le nom de Jean Desplanches, imprimeur de Dijon, un recueil de poésies intitulé Synathrisie (Συνάθρισιζ), et devenu extrême-


ment rare (Dijon, in-4o, et 1579, in-8o). Après avoir écrit la Défense et la Louange du pou, ensemble celle du ciron, en vers français, il mit en vers latins la Fourmi de Ronsard et le Papillon de Belleau (Paris, 1572, in-8o). Cette même année il édita le Dictionnaire des rimes françoises de Jehan Le Fèvre, son oncle, corrigea et augmenta ce travail, et y substitua le classement alphabétique au classement par les voyelles. En 1588 il en donna une seconde édition, augmentée de près de moitié (Paris, in-8o). Ce fut encore en 1572 qu’étant à Paris, il y fit imprimer, par Galiot Du Pré, un Recueil de trente sonnets, introuvable aujourd’hui, et que parut la première édition des Bigarrures du seigneur des Accords (Paris, in-12), réimprimées, depuis, un grand nombre de fois, avec de nombreuses modifications. Après plus de dix années passées dans les universités de Paris et de Toulouse ainsi que dans des voyages instructifs, Tabourot prit le bonnet de docteur en droit, et revint dans sa province, où l’attendait une honorable position. Reçu avocat au parlement de Dijon, il fut nommé, dans la suite, procureur du roi au bureau des finances du bailliage et de la chancellerie de cette ville, puis bailli, juge châtelain de la baronnie de Verdun en Bourgogne (1578). C’est dans cette petite villle, où la peste qui sévissait alors à Dijon l’avait fait se retirer avec sa famille (août 1585), qu’il composa les trois premiers livres de ses Touches ou Épigrammes ; imprimées d’abord en 1585 et 1588 à (Paris, in-8o), elles furent augmentées en 1588 de deux nouveaux livres ([2]).

On ne connaît généralement des Touches qu’une faible partie de ce qu’a publié Tabourot, car les éditeurs du dix-septième siècle, non contents de supprimer les citations latines et les considérations philosophiques et critiques qui encadraient chaque épigramme, n’ont donné de celles-ci qu’un nombre très-restreint, tiré arbitrairement des deux derniers livres. Ce sont ces fragments défigurés qui, réunis,aux Bigarrures, ont été publiés sous ce titre : Les Bigarrures et Touches du seigneur des Accords, avec les Apophtegmes du sieur Gaulard et les Escraignes dijonnoises ; Paris, 1614, I615, in-12 ; Rouen, 1616, 1620, in-12 ; ibid., 1628,1640, in-8o ; 1647, 1648 ; Paris, 1662, in-12 ; c’est la dernière édition, celle qui fut annoncée dans la Bibliothèque elzevirienne de Janet en 1856, étant restée à l’état de projet. Ce recueil étrange eut un grand succès, qu’il dut surtout à l’originalité de son auteur, incarnation vigoureuse de la gaieté franche et de la naïveté malicieuse du

  1. Arrests notables de Papon, et un mémoire du président Bouhler dans les Remarques sur Bayle, de Joly.
  2. (1) Il y aurait tout un article bibliographique à faire, article neuf, sur l’état primitif des Touches du seigneur des accords ; nous dirons seulement ici que les exemplaires complets des éditions originales de cet ouvrage sont si rares qu’on les chercherait vainement dans les bibliothèques de Paris. Il n’y a peut-être, en France, qu’un seul bibliophile, le Dr Payen, qui soit parvenu à former ce petit trésor bibliographique.