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Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/106

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terrassé dans la rue en sa présence, et qu’il l’avait porté encore vivant à la maison, où il avait bientôt expiré. Et ce récit s’accordait avec celui de Madelon.

Mademoiselle de Scudéry se faisait constamment répéter les plus petites circonstances de l’affreux événement. Elle s’enquit avec soin s’il n’était jamais survenu de querelle entre le patron et l’ouvrier, si Olivier n’était pas sujet par fois à ces accès d’emportement, qui souvent s’emparent comme une aveugle démence des hommes les plus doux, et les entraînent à des actions qu’on ne saurait plus considérer comme le résultat du libre arbitre. Mais plus Madelon parlait avec enthousiasme de la vie paisible et du parfait bonheur domestique communs à trois personnes qu’unissait l’affection la plus intime, plus elle dissipait toute ombre de soupçon contre le pauvre Olivier, si gravement accusé.

En approfondissant tout avec soin, et même en supposant qu’Olivier, malgré tout ce qui parlait si haut en sa faveur, avait été l’assassin de Cardillac, mademoiselle de Scudéry ne put trouver dans l’ordre des choses possibles un motif auquel attribuer ce crime horrible, qui devait, dans tous les cas, détruire le bonheur d’Olivier. — « Il est pauvre, mais habile. Il parvient à captiver l’affection du maître le plus célèbre : il aime sa fille ; son patron favorise cet amour : le bonheur, l’aisance pour toute sa vie lui sont assurés ! — Et quand enfin, Dieu sait pour quelle raison, Olivier, irrité, égaré par le ressentiment, aurait pu tuer son bienfaiteur, son père, de quelle hypocrisie