Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/151

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où je rentrai par le passage secret. — Le reste vous est connu.

» Vous voyez, ma digne demoiselle, que mon seul crime est de n’avoir pas dénoncé le père de Madelon aux tribunaux, et mis fin par là à ses méfaits. Je suis pur de tout meurtre. — Aucune torture ne m’arrachera le secret des crimes de Cardillac. Je ne veux pas, quand il a plu à la Providence divine de laisser ignorer à la fille vertueuse les honteuses et criminelles actions du père, faire retomber sur elle tous les malheurs du passé, et détruire à jamais la paix de son existence. Je ne veux pas qu’à présent la vengeance des hommes aille exhumer un cadavre de la terre qui le recouvre, pour que le bourreau imprime à ses os putréfiés le sceau d’une flétrissure tardive. — Non ! — La bien-aimée de mon cœur me pleurera comme une victime innocente : le temps adoucira sa douleur, mais son désespoir serait sans remède si elle apprenait de quels forfaits épouvantables s’est souillé un père qu’elle chérissait ! »

Olivier se tut, mais un torrent de larmes jaillit alors de ses yeux ; il se jeta aux pieds de mademoiselle de Scudéry, et lui dit d’une voix suppliante : « Vous êtes convaincue de mon innocence, — oui, sûrement vous l’êtes ! — Ayez pitié de moi, oh ! de grâce, comment va Madelon ? »

Mademoiselle de Scudéry appela La Martinière, et, peu de minutes après, Madelon s’élança au cou d’Olivier. « Ah ! maintenant tout va bien, puisque te voilà. — Je le savais bien, que la plus noble, la plus généreuse des femmes te sauverait ! » Ainsi s’écriait