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Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/153

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VIII


UNE RÉALITÉ terrible venait, hélas ! vérifier les sombres pressentiments qui agitaient l’esprit de mademoiselle de Scudéry depuis la première visite d’Olivier Brusson dans sa maison : elle voyait le fils de sa chère Anne, malgré son innocence, compromis de telle sorte, que l’idée de le sauver d’une mort ignominieuse semblait à peine admissible. La noble demoiselle admirait l’héroïque résolution du jeune homme, qui préférait mourir chargé d’une horrible accusation, plutôt que de trahir un secret dont la révélation eût donné à sa chère Madelon le coup de la mort ; mais, dans l’ordre entier des choses possibles, elle ne pouvait trouver un seul moyen d’arracher cet infortuné aux rigueurs de la chambre ardente. Et cependant elle était bien résolue, au fond de son âme, à ne reculer devant aucun sacrifice, pour empêcher l’injustice criante qu’on était sur le point de commettre. — Elle combina, jusqu’à s’en fatiguer l’esprit, mille plans et mille projets qui tenaient tant soit peu du romanesque, et qu’elle rejetait