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Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/155

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d’Olivier de vouloir emporter dans le tombeau un secret relatif au crime, qu’il était désolé que la chambre ardente ne pût apprécier un semblable héroïsme, que, bien plus, il était de son devoir de chercher à le faire fléchir par les moyens les plus extrêmes, et qu’il espérait être, au bout de trois jours, en possession de cet étrange secret, qui divulguerait, sans doute, de surprenantes merveilles.

Mademoiselle de Scudéry ne savait que trop bien ce que le terrible La Reynie voulait dire par ces moyens extrêmes qui devaient briser l’héroïsme de Brusson. Il était maintenant bien positif que le malheureux devait subir le supplice de la question. Dans son anxiété mortelle, mademoiselle de Scudéry vint à penser que, pour obtenir un sursis, les conseils d’un jurisconsulte pouvaient être d’une grande utilité. Pierre-Arnaud d’Andilly était à cette époque le plus célèbre avocat de Paris. Sa vaste érudition, sa profonde sagacité égalaient sa vertu et sa loyauté. Ce fut chez lui que se rendit mademoiselle de Scudéry, elle lui dit tout ce qu’il était possible de révéler sans violer le secret d’Olivier. Elle s’attendait à voir d’Andilly embrasser avec chaleur les intérêts de son malheureux protégé, mais elle fut déçue dans cette attente de la manière la plus amère. D’Andilly l’avait écoutée avec calme, et il répondit ensuite en souriant par ce vers de Boileau :

Le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable.

Il démontra à mademoiselle de Scudéry que les