Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/156

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plus graves motifs de suspicion plaidaient contre Brusson, que le procédé de La Reynie ne pouvait nullement lui mériter le reproche de cruauté et de précipitation, qu’il était, au contraire, tout à fait légal, et que le président ne pouvait agir autrement sans violer les devoirs de sa charge. Lui, d’Andilly, lui-même ne croyait pas que la défense la plus habile pût soustraire l’accusé à la torture. Brusson, disait-il, pouvait seul le tenter par un aveu complet et sincère, ou du moins par le récit exact des circonstances du meurtre de Cardillac, sur lesquelles on établirait alors peut-être de nouvelles informations. « Eh bien ! j’irai me jeter aux pieds du roi, et implorer sa clémence ! dit mademoiselle de Scudéry hors d’elle-même et d’une voix à moitié étouffée par les larmes. — Gardez-vous-en bien, au nom du ciel, mademoiselle ! s’écria d’Andilly. Réservez jusqu’à la fin ce dernier moyen de salut, qui, ayant une fois avorté, vous sera ravi pour toujours. Le roi ne graciera jamais un criminel de cette sorte, d’amers et unanimes reproches s’éleveraient contre un pareil acte. Peut-être Brusson parviendra-t-il, en dévoilant tout le mystère ou autrement, à dissiper les soupçons qui pèsent sur lui. Alors il sera temps d’intercéder auprès du roi, qui ne prendra conseil que de sa conviction intime, sans s’informer quelles preuves juridiques sont acquises ou font défaut au procès. »

Mademoiselle de Scudéry dut se ranger à l’avis du sage et expérimenté d’Andilly. Toutefois, plongée