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Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/158

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même, qui ai tué le vieil orfèvre dans la rue Saint-Honoré, à peu de distance de votre maison.

— Vous ! au nom de tous les saints ! vous ! s’écria mademoiselle de Scudéry. — Et je vous jure, mademoiselle, poursuivit-il, que je suis fier de mon action. Apprenez que c’était Cardillac, le plus infâme et le plus hypocrite des scélérats, qui seul était l’auteur de ces vols nocturnes et de ces lâches assassinats, et qui, pendant si longtemps, eut l’adresse de se soustraire à toutes les recherches. Je ne sais moi-même comment il se fit qu’un vague soupçon s’éleva en moi contre le vieux coquin, un jour qu’il m’apporta, avec une visible expression de mécontentement, une parure que je lui avais commandée, et quand je sus qu’il s’était enquis avec soin de la destination de cette parure, et qu’il avait adroitement interrogé mon valet de chambre sur l’heure où j’avais coutume de me rendre chez une certaine dame. — Depuis longtemps j’avais été frappé de la circonstance que les malheureuses victimes de cet affreux brigandage portaient toutes une blessure mortelle identique. J’avais la certitude que l’assassin, bien exercé à frapper le coup qui devait tuer instantanément, y mettait toute sa confiance : mais que s’il échouait dans sa tentative, il ne s’agissait plus que d’un combat à armes égales. J’eus alors recours à une mesure de précaution, tellement simple, que je ne conçois pas comment d’autres ne s’en sont pas déjà servis avant moi pour échapper aux atteintes de ce meurtrier. Je me munis, sous la veste, d’une légère cuirasse. Cardillac m’attaqua par derrière ;