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Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/157

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dans une affliction profonde, priant avec ferveur la Vierge et les saints de lui inspirer ce qu’elle pouvait faire pour sauver l’infortuné Brusson, elle était assise dans sa chambre à une heure avancée de la soirée, lorsque La Martinière entra en annonçant le comte de Miossens, colonel de la garde du Roi, qui désirait avec instance parler à mademoiselle.

« Pardon, mademoiselle, dit le comte en saluant avec une contenance militaire, si je viens vous importuner si tard, à une heure aussi indue. Nous autres soldats nous n’en faisons pas d’autres, et je crois, au reste, avoir à vous offrir une excuse légitime en deux mots. — C’est Olivier Brusson qui m’amène chez vous. »

Mademoiselle de Scudéry, impatiente de ce qu’elle allait apprendre, s’écria : « Olivier Brusson ! cet infortuné. — Oh ! que savez-vous sur lui ? — J’étais bien sûr, poursuivit monsieur de Miossens en souriant, que le nom de votre protégé suffirait pour me faire obtenir de votre part, mademoiselle, une attention bienveillante. Tout le monde est persuadé de la culpabilité de Brusson. Je n’ignore pas que vous avez une autre opinion, fondée uniquement à la vérité, dit-on, sur les protestations de l’accusé lui-même. Quant à moi, c’est différent. Personne, autre que moi, ne peut être aussi positivement convaincu que Brusson est innocent de la mort de Cardillac.

— Parlez, parlez ! s’écria mademoiselle de Scudéry dont les yeux étincelaient de plaisir. — « C’est moi, dit le comte avec un accent marqué, moi-