Aller au contenu

Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/179

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

qu’on l’eût découvert avant qu’il n’eût amassé la somme en question. »


9. Mademoiselle de Scudéry est un chef-d’œuvre de narration. Les détails de mœurs et le développement des caractères ajoutent à l’intérêt dramatique et concourent à la perfection du tableau. C’est dans un passage des Chroniques de Nuremberg, écrites en allemand par Wagenseil, qu’Hoffmann a puisé l’idée de cette nouvelle, et il fait remarquer justement que ce n’est pas là qu’on se serait attendu à trouver cette anecdote française ; mais l’auteur de ces chroniques avait vu mademoiselle de Scudéry elle-même dans un voyage à Paris, et avait recueilli de sa bouche le fond de l’aventure de Cardillac. C’est bien réellement que mademoiselle de Scudéry prononça devant le Roi les paroles citées : « Un amant qui craint les voleurs, etc…, » et l’envoi du présent, au nom des brigands anonymes, est aussi un fait historique.

Madeleine de Scudéry était née au Hâvre, en 1607, et mourut à l’âge de quatre-vingt-quatorze ans. Elle écrivit beaucoup, et ce fut moins par prétention littéraire que par le besoin de se créer une existence honorable. Toutefois sa réputation de son vivant fut prodigieuse, et si nous devons aujourd’hui la regarder comme usurpée au détriment du naturel et du bon goût, il n’en est pas de même de celle qu’ont attachée à sa mémoire ses vertus privées et la noblesse de son caractère.