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Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/187

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relégation dans une résidence étrangère. On ajoutait même qu’elle ne devait qu’à la clémence du prince d’avoir échappé à des poursuites judiciaires.

Hypolite se sentit très péniblement affecté de la rencontre d’une personne pour qui son père avait eu tant d’aversion, et, bien qu’il ignorât encore les motifs de cette répugnance, cependant les devoirs de l’hospitalité , impérieux surtout à la campagne , le contraignirent à faire bon accueil à cette visite importune. Quoique la baronne ne fût certainement pas laide, jamais aucune personne n’avait produit sur le comte une impression aussi désagréable que celle qu’il ressentit à sa première vue. Elle fixa d’abord en entrant un regard étincelant sur lui, puis elle baissa les yeux et s’excusa de sa visite dans des termes presque humiliants pour elle-même. — Elle se confondit en lamentations sur l’inimitié que lui avait témoignée toute sa vie le père du comte, imbu contre elle des préventions le plus extraordinaires , accréditées par la haine de ses ennemis, et se plaignit de ce que, malgré la profonde misère qui l’avait accablée et forcée à rougir de son rang, il ne lui avait jamais fait parvenir le moindre secours. Elle ajouta qu’à la fin , et par une circonstance tout à fait imprévue, une petite somme d’argent qui lui était échue lui ayant permis de quitter la capitale pour se retirer en province dans une ville éloignée, elle n’avait pu résister au vif désir de visiter sur sa route le fils d’un homme qu’elle avait toujours honoré, nonobstant sa haine aussi injuste que déclarée.