Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/190

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à ce visage pâle et ridé , à l’apparence cadavéreuse de ce vieux corps semblable à un fantôme. Il attribuait tout à l’état maladif de la baronne , et à son penchant vers les idées mélancoliques et sombres : car ses domestiques lui avaient appris qu’elle faisait dans le parc des promenades nocturnes, dont le cimetière était le but.

Il eut honte de s’être laissé subjuguer trop aisément par les préventions de son père, et ce fut absolument en vain que son vieil oncle lui adressa de pressantes exhortations pour l’engager à surmonter la passion qui s’était emparée de lui, et à rompre des relations qui devaient inévitablement, tôt ou tard, l’entraîner à sa perte. Intimement persuadé de l’amour sincère d’Aurélia, il demanda sa main en mariage, et l’on peut imaginer avec quelle joie la baronne, qui se voyait par là tirée de l’indigence la plus profonde pour jouir d’une brillante fortune, consentit à cette proposition.

Bientôt disparut du visage d’Aurélia, avec sa pâleur habituelle, l’empreinte particulière du chagrin profond et invincible qu’elle semblait nourrir ; on vit tout le bonheur de l’amour éclater dans ses yeux et s’épanouir sur ses joues comme la fraîcheur de la rose.

Un accident affreux, qui arriva le matin même du jour fixé pour la noce, vint traverser tout à coup les vœux du comte. On avait trouve la baronne gisant inanimée la face contre terre, dans le parc, près du cimetière, d’où on l’avait transportée au château, au moment