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Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/195

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ses manières toujours triviales, communes et basses, en dépit de ses efforts pour se donner l’air distingué.

Peu-à-peu, il vint à poursuivre Aurélia de regards qui inspiraient à celle-ci un effroi instinctif, et même une horreur dont elle ne pouvait se rendre compte. Jamais, jusqu’alors, la baronne n’avait daigné adresser à Aurélia un seul mot concernant l’étranger, quand elle lui fit spontanément connaître son nom, en ajoutant que le baron était un de ses parents éloignés et puissamment riche. Elle vanta, à plusieurs reprises, sa figure et ses avantages devant Aurélia, et finissait toujours par lui demander ce qu’elle en pensait et s’il lui plaisait. Aurélia ne cachait nullement l’aversion profonde qu’elle éprouvait pour l’étranger : sa mère alors lui lançait un regard fait pour lui causer une impression de terreur, et, d’un air de mépris, l’appelait une petite sotte !

Mais la baronne ne tarda pas à se montrer plus aimable qu’elle n’avait jamais été ; elle donna à Aurélia de jolies robes, de riches parures, et la fit participer à tous ses divertissements. L’étranger de son côté s’appliquait de plus en plus à captiver ses bonnes grâces, et ne parvint pourtant qu’à se rendre plus désagréable à ses yeux. Mais Aurélia devait subir une épreuve bien plus révoltante pour sa pudeur et ses sentiments délicats. Un hasard funeste l’obligea d’être le secret témoin des rapports criminels de sa mère avec l’odieux étranger, et quelques jours après, celui-ci, dans un accès de délire à moitié