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Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/200

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criminelle s’était livrée à une enquête sévère, et que la baronne s’était vue menacée de l’emprisonnement, par suite des étranges révélations de ce misérable fils du bourreau. — Et la pauvre Aurélia n’avait-elle pas une nouvelle preuve des sentiments corrompus de sa mère, qui persistait à séjourner dans la capitale après cet horrible éclat.

À la fin pourtant, la baronne, forcée de se soustraire aux soupçons les plus graves et les plus honteux, se décida à fuir dans un pays éloigne. C’est dans ce voyage qu’elle arriva au château du comte, et nous avons raconté plus haut ce qui s’y passa. Aurélia devait se trouver au comble du bonheur d’être enfin délivrée de tant de craintes et de soucis ; mais quelle fut, hélas! son extrême épouvante, quand, ayant avec épanchement parlé à sa mère de son amour, de son espoir dans son avenir doux et prospère, elle entendit celle-ci s’écrier d’une voix courroucée, et les yeux enflammés de rage : « Tu es née pour mon malheur, créature abjecte et maudite ! mais vas ! au sein même de ta félicité chimérique, la vengeance des enfers saura t’atteindre, si une mort imprévue me ravit à la terre ! Dans ces crises horribles, qui me sont restées comme le fruit de ta naissance, Satan lui-même… »Ici Aurélia s’arrêta, et, se jetant au cou d’Hypolite, elle le conjura de vouloir bien la dispenser de répéter tout ce qu’avait inspiré à la baronne une frénésie enragée ; car elle avait l’âme brisée au souvenir de l’horrible malédiction proférée par sa mère dans l’égarement de son sauvage délire, et dont l’atrocité