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Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/221

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peu niaise qui résidait dans son regard et le tour de la bouche compensait tout cela.

« Eh bien ! mon vieux Franz, lui dit mon grand-oncle, tandis qu’il secouait dans l’antichambre la neige appliquée sur ses fourrures, les lits sont-ils préparés là-haut ? y a-t-on fait grand feu hier et aujourd’hui ? — Non, répondit Franz fort tranquillement, non, mon très cher monsieur le justicier, rien de cela n’est fait. — Mon Dieu ! reprit mon grand-oncle, j’ai pourtant écrit assez à temps, et j’arrive comme toujours à l’époque fixée. Puis-je rester à présent dans des chambres froides comme la glace ? C’est une sottise ! — Oui, mon très cher monsieur le justicier, repartit Franz, en ôtant très attentivement avec les mouchettes un lumignon qui gâtait la chandelle et l’écrasant avec le pied, tout cela, voyez-vous, le feu allumé surtout, n’aurait pas servi à grand’chose, car le vent et la neige font trop bien rage à travers les carreaux cassés pour…

— Comment ! interrompit mon grand-oncle, en rejetant de côté les pans de sa pelisse, et posant les deux poings contre ses hanches, les vitres sont cassées, et vous, le gardien du château, vous n’avez rien fait réparer ? — Oui, mon digne monsieur le justicier, continua le vieux tranquillement et posément, on ne peut pas songer à cela, à cause d’un amas de pierres et de décombres qui embarrasse la chambre. — Mais, mille tonnerres du ciel ! s’écria mon grand-oncle ébahi, comment donc ma chambre est-elle pleine de pierres et de décombres ?…