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Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/299

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prendre certaines mesures pour que le dôme pût s’écrouler quand il le voudrait, de manière à démolir l’intérieur de la tour ? Mais que m’importe quand même tout le château devrait s’écrouler ? je n’y tiens pas. Pensez-vous donc que je veuille séjourner ici, dans un nid de hiboux pareil ? Non, non ! celui de nos aïeux qui a posé dans la riante vallée les fondations d’un nouveau château, m’a donné un digne exemple, et que je prétends suivre.

— Ainsi, dit Daniel à demi-voix, les vieux et fidèles serviteurs de ce manoir seront obligés de le quitter le bâton de voyage à la main ? — Il va sans dire, répondit le baron, que je ne prendrai pas à mon service des vieillards inhabiles et impotents ; mais je ne veux délaisser personne. Gagné sans fatigue, le pain que je vous assurerai vous fera bonne bouche.

— Moi ? s’écria le vieillard douloureusement ému, moi, l’intendant de la maison, mis hors de service ! » À ces mots, le baron, qui avait tourné le dos à Daniel, et qui était près de sortir de la salle, revint subitement sur ses pas, et, devenu pourpre de colère, menaçant le vieux domestique de son poing fermé, il cria d’une voix terrible : « Toi, vieux coquin hypocrite ! qui t’adonnais là-haut, avec mon père, à ces odieux sortilèges, toi qui gardais comme un vampire l’entrée de son cœur, et qui as peut-être même abusé criminellement de la faiblesse de ce vieillard pour lui suggérer les fatales résolutions qui ont failli amener ma ruine !… je devrais te chasser ainsi qu’un chien galeux ! »