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Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/318

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frappé de stupeur à ce terrible aspect, s’écria en se lamentant : « Oh ! mon frère ! mon pauvre frère !… non, je n’ai pas demandé cela aux funestes démons qui m’obsédaient ! » — V. tressaillit malgré lui en entendant ces paroles énigmatiques, et une secrète indignation le portait à s’élancer sur Hubert comme sur le meurtrier de son frère.

Hubert, tombé sans connaissance sur le parquet, fut porté au lit, et reprit promptement ses sens, grâce à l’emploi de quelques cordiaux. Alors pâle, les yeux éteints et le front chargé d’un sombre chagrin, il se rendit dans la chambre de V., où, s’étant assis dans un fauteuil, parce qu’il n’aurait pu se tenir debout sans défaillir, il lui dit : « Je souhaitais la mort de mon frère, parce que mon père, au moyen d’une institution absurde, l’avait rendu maître exclusif de la meilleure part de son héritage. — Une horrible catastrophe a mis fin à ses jours. À présent me voici possesseur du majorat ; mais mon cœur est brisé. Je ne puis plus être heureux et ne le serai jamais. Je vous confirme dans votre charge, et vous recevrez les pleins pouvoirs les plus absolus par rapport à la gestion du domaine, où il m’est impossible de demeurer désormais. » — Hubert quitta la chambre, et deux heures après il était déjà sur la route de K.... Selon les apparences, le malheureux Wolfgang s’était levé pendant la nuit pour se rendre peut-être dans l’autre cabinet attenant à la grand’salle, et où il y avait une bibliothèque. Sans doute, engourdi par le sommeil, il s’était trompé de porte, et était