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Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/332

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dans un fauteuil, lui dit : « Écoute, mon vieil ami Daniel ! il y a longtemps que je voulais le demander ce que tu penses de toute cette chicane embrouillée que le singulier testament du baron Hubert nous a mis sur les bras. — Crois-tu que ce jeune homme soit réellement le fils de Wolfgang et né en mariage légitime ? » Le vieillard, se renfonçant sur son siége et évitant les regards que le justicier fixait sur lui, s’écria avec humeur : « Bah ! cela peut être, comme cela peut n’être pas. Que m’importe à moi lequel des deux doit être le maître !

— Mais il me semble, reprit V., se rapprochant encore davantage et mettant la main sur l’épaule de l’intendant, que tu avais toute la confiance du vieux baron : et il n’a pu assurément te faire mystère de ses rapports avec ses fils. Ne t’a-t-il rien dit de cette union contractée par Wolfgang au mépris de ses volontés ? — Je ne me rappelle pas tout cela ! répondit-il en bâillant avec effort et peu poliment.

— Tu as sommeil, mon vieux, dit le justicier : peut-être as-tu passé une nuit agitée ? — Ma foi, je n’en sais rien, répondit Daniel froidement. Mais il est temps que j’aille faire servir le souper. » En disant cela, il se leva pesamment de son siége, et. fléchissant son dos en arrière en y appuyant ses mains, il bâilla encore une fois, plus fortement que la première.

« Reste donc ici ! » dit V. en le prenant par la main et voulant le forcer de se rasseoir ; mais le vieillard resta debout devant le bureau du justicier ; et, le corps penché vers lui, les deux mains appuyées