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Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/337

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yeux livides gardaient une fixité effrayante. V. crut l’intendant condamné à ne pas se relever de son lit.

Tout ce qu’il était possible de faire pour son protégé, V. l’avait fait. Il ne lui restait plus qu’à attendre patiemment le succès de ses démarches ; et dans ce but il voulait retourner à K..... Dans la soirée qui précédait le jour fixé pour son départ, V. s’occupait d’emballer tous ses papiers, lorsqu’il lui tomba entre les mains un petit paquet cacheté que le baron Hubert lui avait remis, portant cette suscription : À lire après l’ouverture de mon testament, et que, par un oubli inconcevable, il avait négligé jusqu’à ce jour.

V. se disposait à décacheter le paquet, lorsque la porte s’ouvrît et que Daniel parut marchant à pas lents et semblable à un fantôme. Il déposa sur le bureau un portefeuille noir qu’il tenait à la main ; puis il tomba à genoux avec un sourd gémissement ; et saisissant d’un mouvement convulsif les mains du justicier, il dit enfin d’une voix étouffée et sépulcrale : « Je ne voudrais pas mourir sur l’échafaud… il y a un juge au ciel ! » Puis il se releva péniblement, et, poussant des gémissements lamentables, quitta la chambre comme il était venu.

V. s’occupa toute la nuit à lire ce que contenaient le portefeuille noir et le codicille du baron. Ces deux témoignages concordaient parfaitement et traçaient nettement la marche à suivre dans cette affaire. Aussitôt après son arrivée à K...., le justicier se rendit chez le baron Hubert, qui le reçut avec une altière