Aller au contenu

Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/366

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

on fit pour l’ouvrir avec le passe-partout nous prouvèrent qu’on avait tiré les verrous à l’intérieur. La porte principale qui donnait dans le jardin, par laquelle le major aurait dû passer pour sortir, était également fermée et cadenassée comme la veille au soir. Enfin, quand nous vîmes que tous nos appels restaient sans réponse, nous brisâmes la porte de la chambre à coucher, et là, — l’œil hagard et menaçant, la bouche ouverte et sanguinolente, le major était étendu mort sur le carreau, dans son grand uniforme danois rouge, tenant son épée d’une main convulsivement crispée ! — Tous nos efforts pour le rappeler à la vie furent infructueux. »

Le baron se tut. — Ottmar était sur le point de dire quelque chose ; cependant il s’en abstint, et il paraissait, le front appuyé sur sa main, s’occuper de coordonner d’abord dans son esprit les réflexions qu’il voulait émettre. Ce fut Maria qui rompit le silence en s’écriant : « Ah ! mon bon père ! — quel épouvantable événement ! je vois le terrible major avec son uniforme danois, le regard fixe et dirigé sur moi : c’en est fait de mon sommeil de cette nuit ! »

Le peintre Franz Bickert, qui, depuis quinze ans, vivait dans la maison du baron en qualité d’ami intime de la famille, n’avait pris jusque-là aucune part à la conversation, ce qui lui arrivait assez souvent. Mais il s’était promené de long en large, les bras croisés derrière le dos, faisant toutes sortes de grimaces bouffonnes, et même essayant de temps en temps une cabriole grotesque. Il éclata tout d’un