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Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/39

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les civilités ordinaires, Angela demanda donc avec l’accent d’un intérêt doux et bienveillant : « Qu’avez-vous, chevalier ? vous paraissez inquiet, souffrant ; en vérité, vous devriez voir un médecin. »

Comme on peut bien le penser, les paroles d’Angela versèrent dans l’âme du chevalier un baume consolateur. Sa physionomie changea subitement : il releva la tête, et de ses lèvres s’épancha de nouveau avec une effusion touchante ce langage entraînant et passionné qui jadis lui subjuguait tous les cœurs. Vertua le fit souvenir de prendre possession de la maison qui lui était échue en gain. « Oui, signor Vertua, s’écria le chevalier comme inspiré, oui, sans doute, j’irai demain chez vous. Mais souffrez que nous nous mettions bien d’accord sur les conditions, quand cela devrait exiger plusieurs mois.

— Soit, répliqua Vertua en souriant, j’ai idée que cela peut nous faire penser avec le temps à bien des choses qui sont peut-être aujourd’hui loin de nos esprits. » — Comment le chevalier n’eût-il pas retrouvé avec un nouvel espoir toute l’amabilité qui le caractérisait autrefois, avant qu’il ne devint la proie de sa passion ruineuse et désordonnée. Ses visites chez le vieux signor Vertua devinrent de plus en plus fréquentes. Angela paraissait chaque jour mieux disposée pour celui dont elle savait être l’ange tutélaire ; peu à peu elle vint à se persuader qu’elle l’aimait décidément, et s’engagea enfin à lui accorder sa main, au grand plaisir du vieux Vertua, qui, de ce jour seulement, regarda comme terminée l’affaire