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Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/394

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avec un zèle incomparable ; il y mit un dévouement. une constance, une abnégation qui devaient lui mériter, grâce à la réussite la plus complète, une affection et une reconnaissance sans bornes. J’aurais voulu le couvrir d’or !… eh bien le moindre mot de remercîmentme coûtait à lui adresser ; sa méthode magnétique m’inspirait d’autant plus d’horreur, qu’elle était couronnée d’un plus grand succès ; Alban me devint enfin lui-même plus odieux de jour en jour, et il me semblait que, dussé-je moi-même lui devoir mon salut dans un imminent danger, cela ne lui ferait rien gagner dans mon esprit prévenu. Et pourtant son air solennel, ses discours mystiques, même son charlatanisme, lorsqu’il magnétise, par exemple, les tilleuls, les ormes, et quels autres arbres encore ? lorsque, les bras tendus vers le Nord, il prétend attirer en lui une force nouvelle émanée du principe universel, tout cela me remue d’une certaine manière, malgré le mépris que je ressens au fond du cœur pour de pareilles manœuvres. Mais, Bickert ! écoute bien : la circonstance la plus étrange est que depuis qu’Alban est ici, je me vois plus souvent que jamais ramené à penser à mon major danois, dont je vous ai tout à l’heure raconté l’histoire. Ce soir même, ce soir, lorsqu’il me parla avec ce sourire sardonique et vraiment infernal, en fixant sur moi ses grands yeux noirs comme des charbons, le major en personne était devant moi ; oui, c’est une ressemblance frappante !

— Eh parbleu ! s’écria Bickert, voilà toute l’explication de tes étranges mouvements à son sujet. Ce