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Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/395

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n’est pas Alban, c’est le major danois qui t’inquiète et t’obséde. Le brave docteur porte la peine de son nez recourbé et de ses yeux noirs rayonnants. Tranquillise-toi tout à fait et chasse les sombres idées qui t’agitent. Alban peut être un visionnaire, mais assurément il veut le bien et il le pratique ; passons-lui donc ses charlataneries, qu’il les garde comme un jouet innocent, et accordons-lui notre estime à titre de médecin habile et clairvoyant. »

Le baron se leva et dit en prenant les mains de Bickert : « Franz, ce que tu viens de dire est contraire à ta conviction intime : c’est un palliatif que tu emploies pour calmer mes craintes et mon inquiétude ; mais… je le sens amèrement au fond de mon âme, Alban est mon mauvais démon ! — Franz ! je t’en supplie ! je réclame ton attention, ta prévoyance, tes conseils, ton appui, si quelque accident venait à ébranler, à compromettre mon vieil édifice de famille ! — Tu me comprends : il suffit. »

Les deux amis s’embrassèrent, et minuit était sonné depuis longtemps lorsque chacun eut regagné sa chambre pensif et l’esprit inquiet. — À six heures précises, Maria se réveilla, comme Alban l’avait prédit. On lui donna douze gouttes du petit flacon, et deux heures après, elle parut, enjouée et florissante, dans le salon de réunion, où son père, Ottmar et Bickert l’accueillirent pleins de joie. Alban s’était enfermé dans sa chambre, et fit dire qu’une correspondance pressante l’y retiendrait toute la journée.

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Lettre de Maria à Adelgonde