Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/413

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produit sur moi par la jeune fille. Ce fut peut-être mon regard qui me trahit ; car l’esprit est tellement contraint par le corps, que le moindre de ses mouvements, en oscillant dans les nerfs, agit en dehors et modifie les traits du visage, du moins le regard de nos yeux. — Mais combien la manière triviale dont il prit la chose eut lieu de me divertir. Il parlait à tout propos devant moi du comte Hypolite, le futur époux de Maria ; et plus il développait à plaisir le programme pompeux de toutes ses vertus, plus il me donnait à rire en dedans de moi-même des affections pitoyables que les hommes embrassent avec une passion si sotte et si puérile ; plus je me réjouissais d’être initié à ces unions autrement profondes nouées par la seule nature, et de posséder assez de puissance pour les vivifier et les féconder.

Absorber l’esprit de Maria en moi-même, assimiler pour ainsi dire tellement tout son être au mien que la rupture de cet enlacement intime dût causer son propre anéantissement, telle était la pensée qui, en me procurant un bonheur suprême, ne tendait qu’à accomplir les volontés préexistantes de la nature.

Cette étroite conjonction spirituelle avec la femme, qui surpasse de toute la hauteur du ciel en sentiment de béatitude, toute jouissance animale, même la plus délectable et la plus vantée, convient à un prêtre d’Isis, et tu connais d’ailleurs mon système sur ce point : je ne peux t’en dire davantage. — La femme a reçu de la nature une organisation passive dans toutes ses tendances. C’est dans l’abandon volontaire