Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/414

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de sa personnalité, dans sa facilité, son empressement pour ainsi dire à se laisser imposer par un être étranger différent de soi la vénération et le dévouement dus à un principe supérieur, que consiste la véritable ingénuité qui caractérise la femme, et dont la conquête et l’absorption en soi procurent une volupté sans égale. —

Depuis lors, malgré mon départ de la terre du baron, je restai spirituellement auprès de Maria ; et quant aux moyens dont je me servis pour me rapprocher d’elle matériellement en secret, afin d’agir plus efficacement sur sa volonté, je les passerai sous silence : ce sont des détails qui paraîtraient mesquins, quoiqu’ils dussent atteindre le but proposé. Bientôt après, par suite de mes manœuvres, Maria tomba dans un état fantastique qu’Ottmar dut naturellement considérer comme une maladie de nerfs, et, ainsi que je l’avais prévu, je revins dans la maison à titre de médecin.

Maria reconnut en moi celui qui déjà lui était souvent apparu dans ses rêves comme son souverain dans tout l’éclat de la puissance ; et ce qui n’avait été jusque-là pour elle qu’une illusion vague et confuse, vint frapper alors son esprit comme une réalité palpable. Il a suffi de mon regard, de ma ferme volonté pour la mettre dans l’état de somnambulisme, c’est-à-dire pour déterminer en elle la déchéance complète du moi, et transporter l’essence de sa vie dans la sphère supérieure du maître. Mon esprit l’accueillit donc et lui imprima l’élan nécessaire pour s’envoler de la prison matérielle qui la