Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/435

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est-elle arrivée près de ce vieux caveau en ruines, que, paralysée de tous ses membres par une peur subite, elle reste immobile et glacée. Neuf heures sonnaient à l’horloge du château. « Ne voyez-vous pas ? s’écria Adelgonde d’une voix sourde et creuse, ne voyez-vous pas ? — cette figure, — tout près de moi… Jésus ! elle étend la main vers moi. — Ne voyez-vous pas ? » Aucune de ses compagnes ne voit la moindre chose ; mais toutes saisies d’épouvante et d’angoisse se sauvent en courant, excepté une, la plus courageuse, qui s’élance vers Adelgonde et veut l’entraîner dans ses bras, quand au moment même Adelgonde tombe par terre comme morte.

Aux cris perçants de détresse de la jeune fille, tous les hôtes du château accourent, et l’on emporte Adelgonde. — Revenue enfin de son évanouissement, elle raconte avec un tremblement d’effroi qu’en arrivant à l’entrée du caveau elle avait aperçu devant elle un fantôme aérien confondu dans le brouillard, et qui avait étendu la main vers elle.

Quoi de plus naturel que d’attribuer le prestige de cette apparition aux illusions décevantes de la lumière du crépuscule ? Du reste, Adelgonde, dès la nuit même, se remit si parfaitement de son accès de frayeur, qu’on ne craignit pour elle aucune suite fâcheuse, et qu’on pensa qu’il n’était déjà plus question de rien.

Mais il en arriva, hélas ! bien autrement. À peine, dans la soirée du lendemain, neuf heures avaient-elles sonné, qu’Adelgonde se lève avec un geste de terreur du milieu de