Aller au contenu

Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/81

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée



III


CE FUT en dépeignant avec les couleurs les plus vives la perversité du siècle, que La Martinière, quand le jour eut paru, raconta à sa maîtresse les événements de la nuit précédente. Elle lui remit ensuite en tremblant la cassette mystérieuse ; mais elle et Baptiste qui se tenait dans un coin, pâle et terrifié, presqu’incapable de s’exprimer, et maniant en tout sens son bonnet de nuit, supplièrent la demoiselle, avec de dolentes instances et au nom de tous les saints, de n’ouvrir ladite cassette qu’avec une extrême précaution.

Mademoiselle de Scudéry, pesant la boite dans ses mains et cherchant à apprécier la nature de son contenu, dit en souriant : « Vous rêvez tous deux de fantômes ! — Ces odieux meurtriers, qui, comme vous le dites, espionnent dans l’intérieur des maisons, savent aussi bien que vous et moi que je ne suis pas riche, et que je ne possède pas de trésors qui vaillent la peine d’un assassinat. En vouloir à ma vie ? Et à qui peut importer la mort d’une personne