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Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 4, trad. Egmont, 1836.djvu/18

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absolument pas m’habituer à l’idée des bonbons, des confitures, *des massepains, des fruits confits, etc., etc. Un singulier vertige me faisait apparaître tout cela comme au tant d’encouragements séducteurs dont j’interprétais à peu près ainsi le langage symbolique : N’ayez pas peur, mon cher ! nous sommes tous des petits êtres bien doux ut bien délicats y mais il faut compter prochainement sur un léger coup de tonnerre… Puis je pensai en moi-même : N’es-tu pas un bien grand fou de chercher sans cesse à transformer les choses les plus ordinaires en apparitions miraculeuses ? et tes amis n’ont-ils pas raison de te traiter d’incurable visionnaire ? —

La maison, comme cela devait être d’après sa destination prétendue, restait toujours la même, de sorte qu’à la fin je m’habituai à son aspect ; et les folles images que, dans l’origine, je voyais si distinctement m’apparaître et voltiger hors de son enceinte, s’étaient évanouies peu à peu. Le hasard vint réveiller de nouveau mes anciens soupçons.

Quoique je me fusse résigné autant que possible au cours trivial et ordinaire des choses, vous devez bien penser qu’avec la tendance de mon caractère, décidément plein d’une passion enthousiaste et religieuse pour le merveilleux, je ne cessai pas d’avoir l’œil sur la maison mystérieuse. Il arriva donc un jour que, me promenant comme de coutume à midi dans l’avenue, je dirigeai mes regards vers les fenêtres voilées de la maison déserte. Soudain je vis remuer doucement le rideau de la croisée la plus rapprochée de la boutique du confiseur. Une main, un