Page:Hoffmann - Les Bijoux fatals ou Mademoiselle de Scudéri, Roman complet no 6, 1915.djvu/27

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— Au nom du Christ, qu’est-il arrivé ? que se passe-t-il ? s’écrie-t-elle en ouvrant la portière de la voiture.

La foule s’écarte respectueusement devant la grande dame ; quelques femmes compatissantes ramassent la jeune fille, la font asseoir sur les marches du perron, lui baignent le front avec des spiritueux. Mlle de Scudéri s’approche de Desgrais et renouvelle sa question avec énergie.

— Il est arrivé un affreux malheur, répond Desgrais. René Cardillac a été trouvé mort ce matin, frappé d’un coup de poignard. C’est son ouvrier, Olivier Brusson, qui est le meurtrier ; on vient d’emmener le coupable en prison.

— Et la jeune fille ? s’écria Mlle de Scudéri.

— C’est Madelon, la fille de Cardillac, interrompit Desgrais. L’assassin devait l’épouser ; maintenant elle pleure et se désole et ne cesse de crier : « Olivier est innocent, tout à fait innocent ! » Elle doit savoir comment le crime a été commis et j’ai pour devoir de l’envoyer à la Conciergerie.

En prononçant ces paroles, Desgrais lançait des regards méchants qui faisaient trembler Mlle de Scudéri. Pendant ce temps, la jeune fille avait donné quelques signes de vie, mais elle n’articulait aucune parole, ne faisait aucun mouvement, restait les yeux fermés, et l’on ne savait si on devait la transporter dans la maison ou la laisser dans la rue jusqu’à ce qu’elle eût complètement recouvré ses sens.