Page:Hoffmann - Les Bijoux fatals ou Mademoiselle de Scudéri, Roman complet no 6, 1915.djvu/28

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Mlle de Scudéri, profondément émue, avait les larmes aux yeux. Elle contemplait tristement la malheureuse créature, et Desgrais et ses acolytes lui faisaient horreur. À ce moment, on entendit le bruit sourd de plusieurs pas dans l’escalier. C’était le cadavre de Cardillac que l’on descendait. Mlle de Scudéri prit une prompte détermination.

— Je me charge de la jeune fille, dit-elle à Desgrais, je l’emmène chez moi, occupez-vous du reste.

Grâce aux efforts de Fagon, un des plus fameux médecins de Paris à cette époque, la fille de Cardillac, qui était restée plusieurs heures dans un état un état de complète léthargie, fut enfin rappelée à la vie. Mlle de Scudéri acheva ce que le médecin avait commencé, en faisant pénétrer quelque lueur d’espoir dans l’âme de la pauvre enfant qui éclata en sanglots et trouva quelque soulagement à laisser couler ses larmes. Elle essaya alors, d’une voix entrecoupée fréquemment de hoquets convulsifs, de raconter ce qui s’était passé.

Vers minuit, elle avait été réveillée par quelques coups frappés doucement à sa porte, puis elle avait reconnu la voix d’Olivier qui la suppliait de se lever immédiatement et de descendre, parce que le vieux Cardillac se mourait. Épouvantée, elle avait sauté du lit et avait ouvert la porte. Olivier, le visage livide, inondé de sueur, s’était dirigé alors vers l’atelier, la lumière à la main. Elle l’avait suivi. Elle avait trouvé son père, gisant sur le sol, les yeux fixes, râlant et dans les dernières convulsions de l’agonie.