Page:Holbach - Traité des trois imposteurs, ed. de Londres, 1777.djvu/107

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me. Joseph Scaliger piqué contre lui[1] pour une bagatelle d’érudition ne lui a pas fait plus de justice. Muret, a-t-il dit malicieusement, seroit le meilleur Chrétien du monde s’il croyoit en Dieu aussi bien qu’il persuaderoit qu’il y faut croire : De là sont venues les mauvaises impressions qu’on a prises contre Muret, au lieu d’avoir égard à la piété exemplaire dont il donna des marques édifiantes les dernières années de sa vie : on s’est avisé de le noircir 50. ans après sa mort d’un soupçon inconnu à ses ennemis les plus déclarés & duquel il est très sûr que de son vivant il ne fut jamais atteint.

Des compilateurs idiots qui n’ont nulle teinture de critique ont enveloppé dans la même accusation le premier que la moindre apparence leur a offert  ; un Etienne Dolet, d’Orléans  ; un François Pucci, de Florence  ; un Jean Milton, de Londres  ; un Merula faux mahométan  ; on y a même mêlé Pierre Arétin, sans considérer qu’il étoit fort ignorant, sans études, sans lettre, & ne savoit que sa langue naturelle  ; parce qu’ils en ont ouï parler comme d’un écrivain hardi, & très-licencieux, & on s’est avisé de le

  1. Voyez à ce sujet le dictionnaire de Bayle. art Trabea.