Page:Holbach - Traité des trois imposteurs, ed. de Londres, 1777.djvu/40

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qu’il prenoit avec les chefs de la révolte, il les persuada si bien qu’ils le suivirent au nombre de six cens mille hommes combattans, sans les femmes & les enfans, à travers les déserts de l’Arabie dont il connaissoit tous les détours. Après six jours de marche, dans une pénible retraite, il prescrivit à ceux qui le suivoient de consacrer le septième jour à son Dieu par un repos public, afin de leur faire croire que Dieu le favorisoit, qu’il approuvoit sa domination ; & afin que personne n’eût l’audace de le contredire.

Il n’y eut jamais de Peuple plus ignorant que les Hébreux, ni, par conséquent, plus crédule. Pour être convaincu de cette ignorance profonde, il ne faut que se souvenir dans quel état ce Peuple étoit en Egypte, lorsque Moyse le fit révolter  ; il était haï des Egyptiens à cause de sa profession de Pâtres, persécuté par le Souverain, & employé aux travaux les plus vils. Au milieu d’une telle Populace, il ne fut pas bien difficile à Moyse de faire valoir se talents. Il leur fit accroire que son Dieu (qu’il nomma quelquefois simplement un Ange), le Dieu de leurs Pères lui étoit apparu ; que c’étoit par son ordre qu’il prenoit soin de les conduire  ; qu’il l’avoit choisi pour les gouverner, &