Page:Holbach - Traité des trois imposteurs, ed. de Londres, 1777.djvu/42

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vit & la fit passer pour un miracle, & pour une marque de la protection de son Dieu. Qu’on ne m’en croie pas quand je dis que c’est un fourbe  ; qu’on en croie Moyse lui-même, qui, au 10e. Chapitre des Nombres (v. 19), jusqu’au 33e. prie son beau-frère Hobad de venir avec les Israëlites afin qu’il leur montrât le chemin parce qu’il connaissoit le pays. Ceci est démonstratif, car si c’étoit Dieu qui marchoit devant Israël nuit & jour en nuée ou en colonne de feu, pouvoient-ils avoir un meilleur guide  ? Cependant, voilà Moyse qui exhorte son beau-frère par les motifs les plus pressants à lui servir de guide  ; donc la Nuée & la colonne de feu n’étoient Dieu que pour le peuple, & non pour Moyse.

Les pauvres malheureux ravis de se voir adoptés par le Maître des Dieux au sortir d’une cruelle servitude, applaudirent à Moyse & jurèrent de lui obéir aveuglément. Son autorité étant confirmée, il voulut la rendre perpétuelle, & sous le prétexte spécieux d’établir le culte de ce Dieu, dont il se disoit le Lieutenant, il fit d’abord son frère & ses enfants chefs du Palais Royal  ; c’est-à-dire, du lieu où il trouvoit à propos de faire rendre les oracles ; ce lieu étoit hors de