Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/48

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Mais d’autant plus que m’en cuydes diſtraire,
D’autant, ou plus, je fais tout le contraire :
Tant ſeulement pour mieux te moleſter,
En te voyant à mon vueil conteſter.
S’il eſt ainſi que j’aye faict promeſſe
De quelque choſe à Thetis la Deeſſe,
Et tu cognois que ce m’eſt agreable,
Que n’eſt adonc ta volunté ſemblable
Or va t’aſſeoir, que je n’oye parole
Doreſnavant ſi temeraire & fole :
Dont quelque fois tranſporté de courroux,
De mes deux mains, je te baille telz coups,
Que tous les dieux qui ſont en l’aſſiſtence,
Ne puiſſent rien pour ton ayde & deſfence.
    Ceſte menace ainſi rude & terrible,
Rendit Iuno plus craintive & paiſible :
Et ſ’en alla, en enclinant ſa face,
Avec les dieux, ſe remettre en ſa place.
Mais ce pendant la divine aſſemblée,
De tel debat, fut dolente & troublée.
    Surquoy Vulcan tout eſmeu de pitié
Envers Iuno, craignant l’inimitié
Paſſer plus outre, avec un doux parler,
Feit ſon devoir de bien la conſoler.
    Si ce deſpit, Ô ma tres chere mere,
(Diſoit Vulcan) entre vous perſevere,
Et que les Dieux celeſtes immortelz,
Prennent querele à cauſe des mortelz,
Certainement je voy une ruine
Deſja venir ſur ceſte gent divine :
Et les bancquete dont nous ſommes repeuz
Finablement troublez & corrompuz,