Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/111

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Recevoir son droit de passage,
Et repoussoit de l’aviron
Quiconque n’avoit pas pour payer son voyage.
Mais l’avare amoureux de son pauvre denier
Ne peut s’en désaisir. Il fraude le péage ;
À la barbe du nautonnier,
Dans le milieu du Stix il se jette à la nage ;
Fend le fleuve. On a beau crier ;
L’ombre, à force de bras, atteint l’autre rivage.
Cerbere à son aspect, aboya triplement.
Bien-tôt à l’affreux heurlement
Des noires sœurs vient la cruelle bande,
Qui se saisit dans le moment
De cette ombre de contrebande.
On la mene à Minos ; le cas étoit nouveau :
On veut par un exemple assûrer le bureau.
Vous eussiez vû Minos rouler dans sa cervelle
Le crime et la punition.
L’ombre avare mérite-t-elle
Le tourment de Tantale, ou celui d’Ixion ?
L’envoira-t-il relayer Promethée,
Ou bien aider Sisiphe à rouler son fardeau ?