Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/115

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C’étoit l’embarras du monarque.
Il entre seul au temple, interroge Appollon,
Et lui demande à quelle marque
Il connoîtra l’ami digne d’un si beau nom.
Tu veux, lui dit Phoebus, un ami véritable ?
Celui qui t’osera dire la vérité,
La vérité désagréable,
Sera ton homme : adieu ; voilà ta sûreté.
Le prince sort sans rien faire connoître.
Toute sa cour ensuite eut son oracle à part :
Ils demandoient tous par quel art
Ils pourroient faire un ami de leur maître.
En le flatant toûjours, leur dit l’oracle à tous :
Fausse loüange plaît, et l’orgueil la seconde :
N’allez pas dire vrai ; ce seroit fait de vous.
Ce dieu connoissoit bien son monde.
Comment ce double oracle ira-t-il à sa fin ?
Chacun étant ainsi muni de sa recette,
Ils s’assemblent tous au festin,
Où les a conviez le prince qui projette
D’éprouver sur eux son destin.
Mes amis, leur dit-il, au moment que la joye
Commençoit à regner entre nos commensaux,
Que la liberté se déploye :
De l’amitié ; rien plus ; nous sommes tous égaux.
Pour commencer, dites-moi moi défauts.

Si vous en avez, c’est de croire
Que l’on puisse vous en trouver ;