Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/116

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Dit la troupe en chorus. Et là-dessus de boire.
Un seul ne disoit mot. Qu’avez-vous à rêver,
Lui dit le roi ? Je rêve à votre gloire ;
Chacun vous flate ici ; je ne puis l’approuver ;
Vous avez cent vertus dont s’ornera l’histoire ;
Je l’avouë avec joye, et j’en sens tout le prix :
Mais je crains qu’un défaut nuise à votre mémoire ;
Que vos lauriers n’en soient flétris.
Vous aimez trop le vin ; et quelquefois l’yvresse
De votre front fait fuir la majesté.
Insolent ! Dit le roi ; tien, de ta hardiesse
Voilà le prix ; le coup étoit porté.
Enfin mon amitié m’a valu votre haine,
Dit le mourant ; l’oracle consulté
M’a prédit une mort certaine,
Si j’osois à mon roi dire la vérité.
Par l’excès du zèle emporté,
Je n’ai pû vous la taire, et j’en reçois la peine.
Qu’entens-je ? Dit le roi ; pardon, dieux irrités ;
Rendez-moi mon ami ; je reconnois son zèle.
M’allez-vous donc livrer à la troupe cruelle
Des flateurs qui me sont restés ?
Jusques au bout l’ami fidele
Lui dit : je meurs content si vous en profitez.