Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/124

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De-là, je vais aux sombres bords
Faire juger Minos, faire parler les morts.

Aujourd’hui dans le nord et demain dans l’Affrique,
Quelquefois iroquois, et d’autres fois persan,
Gay, sérieux, galant ou politique,
Je serai tout, mais toûjours véridique.
Ça, ma muse, prend le turban,
Et tire ici le vrai des songes d’un sultan.
Deux songes, grands menteurs, l’un noir, mélancolique ;
L’autre blanc et vermeil comme albâtre et corail,
Sortoient un matin du sérail.
D’un esclave le blanc s’étoit fait domestique,
Et le noir avoit pris le grand seigneur à bail,
Même à bail emphitéotique.
Ils retournoient ensemble au ténébreux manoir.
Ça, dit le songe blanc au noir ;
As-tu bien tourmenté ton homme ?
Je t’en réponds, dit l’autre ; et vingt fois en sursaut
Je l’ai retiré de son somme ;
Je l’ai de mal en pis promené comme il faut.
Par l’infidele janissaire,
D’abord de la prison j’ai fait tirer son frere ;
On l’arrachoit