Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/125

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du trône, et prêt d’être étranglé
Il s’éveille en criant, tout en eau, tout troublé :
Je l’attendois à la reprise
Il se rendort, et sur le champ
Je me transforme en nouveau Tamerlan
J’attaque sa hautesse et la ville est surprise ;
À mon pouvoir tout se soumet.
De ses enfans je fais ample carnage ;
Et lui-même je vous l’encage,
Ainsi qu’un autre bajazet.
Nouveau sursaut ; et dès qu’il se remet
Sur l’oreiller, nouvelle image
Plus triste encor : enfin, je m’en donne à souhait.
Voilà toutes les nuits le soin qui me regarde.
C’est ma tâche en un mot. Je corromps ses visirs ;
Le mufti le proscrit ; je révolte sa garde ;
Une sultane le poignarde ;
Ce sont là mes menus plaisirs.
Je lui rends la nuit si funeste
Qu’il en a pour le jour du trouble encor de reste.
Oh ! Pour moi, dit le songe blanc,
Je sers mieux mon homme, et ma tâche
Est de le rendre heureux, de rafraîchir son sang.
À peine le sommeil sur son grabat l’attache,