Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/15

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On dit qu’un jour certaine belle,
Car je choisis tout exprès la beauté,
Qui va de pair avec la royauté :
On dit qu’un jour la demoiselle
Étoit à sa toilette, où son miroir fidelle
Lui disoit en ami plus d’une vérité.
Vous êtes belle, il faut rendre justice,
Lui disoit-il ; à quelque chose près,
Avec Venus vous entreriez en lice,
S’il falloit disputer d’attraits.
À quelque chose près, vous dis-je ;
Il faut qu’un peu de soin corrige
Certains défauts que je vous vois :
Défauts legers, ce sont des bagatelles,
D’accord ; mais tout importe aux belles.
Que sert ce vermillon ? Demandez-moi pourquoi
Vous altérez ainsi vos graces naturelles ?
Adoucissez un peu ces yeux ;
Ce souris moins marqué seroit plus gracieux :
Tous avis que la belle approuve et songe à suivre.
Quand un grand monde la vient voir,
Elle se leve, et quitte le miroir.
Le cercle séducteur de loüanges l’enyvre.
On loüa le faux teint, le regard, le souris ;
Rien n’y manquoit ; tout étoit grace ;
Tant fut dit, que la belle oublia les avis
Qu’elle devoit à sa fidelle glace.
Prince, vous