Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/182

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L’autre ne sçait répondre à ce discours hautain,
Que d’aller doucement son train.
Elle s’ouvre un chemin, descend dans les prairies,
Appelle dans son lit mille petits ruisseaux
Qui serpentoient sur les rives fleuries ;
Et poursuivant son cours, elle en grossit ses eaux.
La voilà parvenue aux honneurs des rivieres ;
Elle a des mariniers, se voit déja des ponts ;
Nourrit un peuple de poissons ;
Abreuve de ses eaux les campagnes entieres :
Puis des rivieres même enflant encor son cours,
La voilà fleuve enfin à force de secours.
Tandis que la source orgueilleuse,
Qui sans aide croyoit suffire à sa grandeur,
Demeurant un ruisseau, se trouva trop heureuse
De se jetter enfin dans les bras de sa sœur.
Envain le sot orgueil s’applaudit et s’admire ;
N’attendez rien de grand de qui croit se suffire.