Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/183

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CHENILLE ET FOURMI

N’écrire que pour amuser,
Autant vaudroit ne pas écrire.
Du langage c’est abuser,
Que de parler, pour ne rien dire.
Auteurs, j’en ai honte pour vous,
Vous gâtez le métier par ce vain batelage.
Je crois voir des farceurs qu’applaudissent des fous,
Tandis qu’ils sont siflés du sage.
Riches de mots, pauvres de sens,
Tous vos discours ne sont que tours de passe-passe,
Bons pour charmer la populace ;
La populace ici comprend bien des puissans.
Je n’irai pas leur dire en face ;
Je ne le dis, discret auteur,
Qu’à l’oreille de mon lecteur.
Mais ne croyez-vous pas qu’on vous en doit de reste,
Lorsque vous contentant de vaines fictions,
Vous n’allez pas orner d’un agrément funeste
Les vices et les passions ?
Vraiment, je vous trouve admirables :