Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/186

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MOUCHES ET ELEPHANS

En présence étoient deux armées,
Qui d’un courage égal toutes deux animées,
Différoient seulement de force et de secours.
Un long rang d’élephans qui sur de hautes tours,
De soldats bons archers portoit mainte cohorte,
Servoit à l’une de rempart.
L’autre armée est plus foible, et n’a contre la forte
Que bon courage pour sa part.
L’instant fatal arrive ; on a sonné la charge ;
Les élephans de se mouvoir,
Et les traits mortels de pleuvoir.
Quelque tems on tient ferme ; et puis on prend le large.
Par tout devant les tours les escadrons plioient ;
La victoire déja de son aîle divine
Couvroit la troupe élephantine ;
Et les monstres vainqueurs jusqu’au ciel envoyoient
Mille cris dont au loin les échos s’effrayoient.
Par bonheur un essain de mouches
Eut pitié des vaincus, prit en aversion
Les élephans et leurs clameurs farouches.
Ça, punissons un peu cette ostentation,
Dirent-elles. Fondons sur ces superbes masses,